1920
Là où tout commence
Au XIXe siècle le cancer était une maladie très peu connue mais redoutée, certains la pensait même contagieuse.
Les autorités ne mettaient pas beaucoup de moyens pour venir en aide aux malades, qui avaient comme seul traitement accessible une chirurgie mutilante.
Ce n’est qu’à la fin du siècle, que peu à peu, les choses se débloquent. Cela commence avec le docteur lyonnais Victor Despeignes qui en 1896 découvre l’efficacité des rayons X sur le cancer, et notamment le cancer de l’estomac. En 1906, Léon Bérard s’intéresse lui à l’utilisation du radium et met en place les premiers gestes de radiumthérapie (aujourd’hui curiethérapie) sur les cancéreux. Les premiers résultats sont concluants mais tous ces gestes ne restent qu’expérimentaux, l’efficacité du radium reste encore à prouver et surtout à maîtriser. L’une des deux cliniques de la faculté de médecine (enseignement des élèves au chevet du patient) de Lyon est dirigée par le Pr Léon Bérard à l’Hôtel Dieu, qui prend la suite du Pr Jaboulay. Rapidement, lorsque la première guerre mondiale éclate en 1914, l’hôpital est réquisitionné pour soigner les soldats et Léon Bérard prend notamment en charge les soldats atteints de cancers.
Passionné de médecine, Auguste Lumière – plus connu pour son rôle dans l’invention du cinématographe – s’engage alors avec ses sœurs à l’Hôtel Dieu. C’est à cette occasion qu’il rencontre le Pr Léon Bérard avec qui il se lie rapidement d’amitié et qu’il aidera tout au long de sa carrière notamment d’un point de vue financier.
Pendant la guerre, il permettra même le développement des radiographies des malades au sein de ses laboratoires Lumière, prenant en charge les coûts financiers et humains. Léon Bérard le nommera même chef du service radiographique à l’Hôtel-Dieu et leur profonde amitié perdura tout au long de leurs vies.
Après la guerre, Léon Bérard poursuit ses travaux sur le radium et cela en particulier grâce à son ami Claudius Regaud qui l’aide à s’en procurer. En effet le radium est très coûteux, mais la générosité de Claudius Regaud alors directeur de l’Institut Curie a ses limites et de nouveaux financements doivent être trouvés.
En janvier 1922, l’Association Lyonnaise de Lutte Contre le Cancer est créée et c’est le premier comité provincial de la Ligue nationale contre le cancer. Grâce à cette association et à son rayonnement, Léon Bérard a désormais la possibilité de financer le radium qu’il utilise à l’Hôtel-Dieu. Au cours de la même année, les « centres anticancéreux » sont créés par le ministre de l’Hygiène et de la Prévoyance Paul Strauss et Bergonié. C’est un énorme pas en avant dans la lutte contre cette maladie, qui quelques décennies auparavant était presque ignorée par les autorités sanitaires. Après que le préfet ait effectué les démarches administratives auprès du ministre Paul Strauss, le centre anti-cancéreux de Lyon est inauguré le 10 novembre 1923 et en est nommé directeur le Pr Léon Bérard. Il s’installe sous le Grand Dôme et dans d’autres salles de l’Hôtel-Dieu.
Dès lors le Pr Léon Bérard est appelé Professeur K
Il devient le chef de file lyonnais pour la lutte contre le cancer, avec d'autres grands personnages nationaux comme le Pr Bergonié ou Claudius Regaud
Les traitements et les avancées scientifiques se faisant, les centres anti-cancéreux et notamment celui de Léon Bérard sont confrontés à une problématique :
les patients, très peu renseignés sur la maladie arrivent souvent à des stades trop avancés de leur cancer pour être soignés.
Tout l’objectif de la Ligue contre le cancer et des centres est alors de faire de la prévention (on parle alors de prophylaxie) et d’informer plus largement la population sur le cancer. On essaie de sensibiliser la population pour les pousser à consulter dès l’apparition de symptômes (plaie, grosseur, douleur), le dépistage n’étant pas encore réalisable.
Concrètement, la première semaine du cancer est mise en place par la Ligue française contre le cancer du 1er au 8 juin 1930. Elle a pour but d’informer la population sur la nécessité de se faire soigner dès les débuts de la maladie.